Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Je m’appelle Brice, j’ai 32 ans et je suis diplômé depuis 2014. J’ai commencé par un premier cursus de neuf mois en chirurgie septique orthopédique et médecine hospitalière. J’ai ensuite travaillé trois ans en chirurgie digestive, urologie et gynécologie, et en unité de soins continus (USC). En parallèle de mes études, j’ai eu la chance d’être bénévole dans une association, une expérience qui m’a apporté une autre dimension du soin, plus humaine, plus proche des personnes — aspect que j’ai eu envie de retrouver par la suite.
J’ai également exercé en chirurgie ORL, puis en hospitalisation à domicile pendant un an, période durant laquelle j’ai rencontré Hélène Fagueret, cadre de santé à Lépine Versailles. Depuis, j’ai choisi de m’orienter vers le secteur médico-social. J’ai travaillé trois ans au sein d’un EHPAD, puis j’ai rejoint Lépine Versailles au sein du SSIAD, où je suis depuis février 2024.
Comment êtes-vous arrivé à Lépine et pourquoi rester ?
Après mes études, j’ai travaillé un an en hospitalisation à domicile. C’est à ce moment que j’ai rencontré Hélène Fagueret, cadre de santé, qui n’était pas encore à Lépine à l’époque. Plus tard, en découvrant le milieu médico-social en EHPAD, elle m’a encouragé à rejoindre l’équipe. Confiant dans son travail, comme elle l’était dans le mien, je n’ai pas hésité à accepter, et je ne regrette pas ce choix.
J’ai eu la chance d’être très bien accueilli ici — et de l’être toujours d’ailleurs. J’ai retrouvé une équipe qui combine parfaitement une ambiance familiale et une bonne qualité de travail. Nous arrivons tous à entretenir une bonne communication, au sein de chaque service, et même d’un point de vue hiérarchique, on ne se sent pas laissé de côté, mais plutôt écouté.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
J’ai toujours aimé le social, être près des uns et des autres ; j’ai même songé à être pompier, fut un temps. Puis ma belle-sœur est devenue infirmière, et j’ai commencé à m’y intéresser. J’ai passé le concours, et comme celui-ci s’est très bien déroulé, j’ai effectué ma première année, que j’ai beaucoup appréciée, et j’ai naturellement continué.
Qu’aimez-vous dans votre métier d’infirmier ?
Depuis toujours, je savais que je ne voulais pas rester derrière un bureau. Je ne voulais pas être statique, je voulais du relationnel. J’ai retrouvé un temps cela lorsque j’exerçais à l’hôpital, mais il me fallait quelque chose en plus.
Aujourd’hui, je me suis totalement retrouvé dans mon métier en étant infirmier à domicile. J’ai la chance de pouvoir bouger, d’être en contact avec les patients, et surtout, d’avoir cette sensation de liberté. J’ai appris de mes limites, je suis plus posé qu’à mes débuts, et cela me permet de vraiment pouvoir prendre le temps qu’il faut, pour aider mes collègues comme les patients si besoin. J’ai retrouvé tout ce que je cherchais à l’origine : des valeurs humaines et un esprit collectif entre collègues, qui partagent la même vision et le même objectif — ce qui rend le quotidien plus agréable.
En quoi consiste une journée type ?
Je n’ai pas vraiment de journée type, mais plutôt des semaines, qui diffèrent selon l’organisation.
La première se déroule sur une semaine par mois, où l’on effectue du 10h-18h. Je commence par lire les transmissions de la veille, ce qui me prend environ un bon quart d’heure, et traite des potentielles chutes, hospitalisations, plaies, mais aussi des visites de suivi ou encore de la dégradation de certains patients.
Ensuite, je m’attelle à la préparation des tournées de la semaine suivante pour les 16 soignants de l’équipe de jour, de soir et de nuit. Pendant à peu près une heure, je prends en compte les rendez-vous, les impératifs ou encore les imprévus de dernière minute, afin d’organiser les « tournées ».
Finalement, la semaine se poursuit par des visites chez les patients, afin de recueillir les données concernant l’environnement à domicile, l’état du patient et les comptes rendus. Bien sûr, si l’on constate des problèmes, on les fait savoir au service concerné. C’est aussi un avantage, car nous travaillons beaucoup avec d’autres services, notamment le CRT, et de plus en plus avec le SAAD (service d’aide à domicile), avec qui nous effectuons des transmissions communes une fois par mois.
Le reste de mon planning s’étend sur un cycle de trois semaines. Les journées commencent à 7h30 par la lecture des transmissions, puis l’organisation des soins et des tournées du jour. Je dresse la liste des soignants présents afin que chacun puisse partir en tournée au plus tard à 8h15, en tenant compte des soins à réaliser (piluliers, pansements, nouvelles entrées, etc.).
L’après-midi, toute l’équipe se retrouve pour les transmissions de la journée. C’est un moment d’échange qui permet de partager les informations importantes, mais aussi d’identifier d’éventuelles difficultés et, lorsque c’est possible, de trouver directement des solutions.
Quelles qualités particulières faut-il, selon vous, pour exercer le métier d’infirmier ?
Je pense que pour exercer ce métier, il faut aimer le relationnel, le côté social — en somme, apprécier l’humain. Il est aussi très important de savoir prendre ses distances, tout en restant proche de la personne. On ne peut pas recueillir toute la peine ou la souffrance, mais il est néanmoins essentiel de créer un lien avec les patients : c’est un équilibre qui s’apprend tout au long de la vie.
Bien sûr, il faut être rigoureux. Par exemple, on est souvent amené à administrer des médicaments, et il serait malvenu de commettre une erreur.
Finalement, je dirais qu’il faut savoir faire preuve de patience et savoir gérer les situations imprévues, tout en les priorisant. Grâce à l’expérience, on apprend au fur et à mesure à les reconnaître et à s’entourer si nécessaire. Bien sûr, lors de situations trop « extrêmes », nous faisons appel aux services qualifiés, le plus souvent les pompiers et le SAMU.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune infirmier ou à un futur infirmier ?
Je dirais, d’une part, de ne pas hésiter à demander de l’aide. Dans ce métier, nous faisons partie d’une équipe, nous ne sommes pas seuls. Nous avons la chance de pouvoir travailler en collaboration avec de nombreux corps de métiers. Mais aussi, et surtout, de ne pas oublier la famille ou encore les voisins, qui sont des mines d’informations.
Ensuite, si je pouvais donner un deuxième conseil, ce serait de poser des questions. Il n’y a pas de questions bêtes : mieux vaut demander que de faire une erreur, car certaines n’ont pas de retour en arrière possible. N’ayez pas peur de faire des erreurs, le tout est de les accepter et de les signaler.
Pour finir, pourriez-vous nous raconter une expérience qui vous a marquée ?
À l’époque, j’étais en stage infirmier libéral, et mon tuteur m’a proposé d’aller au bloc opératoire. J’ai accepté, et on m’a expliqué le fonctionnement, les règles ; je suis donc resté à observer et à regarder de manière passive.
C’est alors qu’en fin de journée, un chirurgien me demande de me préparer minutieusement, d’effectuer un lavage de mains très rigoureux, et surtout, si une envie de régurgiter mon déjeuner me venait, de privilégier la poubelle à côté de la table d’opération. Pensant simplement observer de plus près l’intervention, j’accepte, enthousiaste, et j’y vais.
C’est là qu’arrive, devant moi, une main aux doigts sectionnés et que, sous la demande de la chirurgienne, je vais devoir manifestement assister. Je me place ainsi à côté d’elle et commence à lui tendre les pinces afin qu’elle puisse effectuer l’intervention. Pendant 30 minutes, je l’assiste sans bouger ni trembler. J’ai effectué la tâche avec un sentiment de détachement, mais avec, en finalité, un moment très impressionnant et agréable à vivre.
L’intervention s’étant bien passée, on m’a proposé de poursuivre avec une « épaule », mais j’ai décliné — je pense en avoir assez vu pour une seule journée.
